Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Alain
Une première église existait dès le XIe siècle ; elle fut donnée aux bénédictins par l’évêque Isarn (Izarn) en 1097, donation attestée par une charte de 1098, à charge pour eux de rebâtir l’édifice et de fonder un prieuré. Les bénédictins édifièrent alors un prieuré conventuel et une église romane qui fut en grande partie détruite lors de la croisade des Albigeois et du siège de 1211 ; hormis une table d’autel en marbre sculptée vers 1100, peu de vestiges de cette première église subsistent. À partir de 1255 une nouvelle église à nef unique fut reconstruite et conserva quelques éléments romans, notamment un petit clocher sud dit du Jacquemart ; des portions du portail donnant dans la deuxième travée de la nef, des parties postérieures et une portion de la tour de l’horloge appartiennent également à cet état ancien. En 1317 l’érection de Lavaur en évêché transforma l’église en cathédrale et entraîna des campagnes d’agrandissement et d’aménagement qui se poursuivirent jusqu’au début du XVIe siècle. Au XIVe siècle on ajouta des chapelles entre les contreforts et, en 1328, un nouveau cloître au nord fut édifié puis détruit à la fin du XVIIIe siècle ; le chevet plat primitif fut remplacé par une abside à sept pans, achevée en 1332. Entre la fin du XVe siècle et le milieu du XVIe siècle plusieurs chapelles latérales et doubles furent ajoutées au sud, et la salle du chapitre fut aménagée sur le flanc sud du chœur vers 1450. Sous l’épiscopat de Jean Vigier (1469-1497) l’église connut ses transformations majeures : il la suréleva, fit construire la travée d’ouest de raccordement, releva et enrichit les voûtes, édifia les quatre gros piliers et l’imposant clocher-porche occidental à terrasses, relié à la nef par la travée supplémentaire. La tour fut surmontée d’une haute flèche détruite lors d’un orage au XVIe siècle ; une couronne sculptée en fleurs de lys au sommet rappelle l’achèvement de la tour sous l’épiscopat suivant. Simon de Beausoleil fit élever le sanctuaire polygonal entre 1514 et 1523 et fit bâtir un jubé inspiré de celui de la cathédrale d’Albi, jubé qui fut démoli vers 1780 par le dernier évêque de Lavaur. Pierre du Rosier, évêque de 1500 à 1515, fit ériger en pierre le portail de l’entrée principale. La cathédrale conserve par ailleurs, dans la seconde sacristie devenue chambre capitulaire, des peintures murales du XVIIIe siècle. L’intérieur a été couvert de grisailles réalisées vers 1840 par le peintre italien Céroni, et les verrières du sanctuaire illustrent des sujets légendaires, la Passion, l’Ancien et le Nouveau Testament ainsi que la vie d’évêque. L’édifice est construit presque entièrement en briques, tandis que la pierre et le grès ont été employés pour certains grands arcs du clocher, pour des meneaux et réseaux de fenêtres, ainsi que pour balustrades et encorbellements. La table d’autel romane en marbre blanc, retrouvée en 1876 dans la chapelle de l’hôpital de Lavaur, voit son origine discutée : elle pourrait provenir de la cathédrale ou d’une église fondée par les moines de Conques ; sa sculpture, comparable à celle de la table de Saint-Sernin de Toulouse et attribuée stylistiquement à un atelier proche de Moissac, présente un Christ en mandorle et des anges. La cathédrale abrite aussi un buffet polychrome de la Renaissance et, pour l’orgue, une partie instrumentale réalisée par Aristide Cavaillé-Coll inaugurée en 1876 et restaurée fidèlement en 1994 ; le grand-orgue et son buffet sont protégés au titre des monuments historiques. Après le Concordat de 1801, la cathédrale redevint église paroissiale ; elle a fait l’objet d’une restauration intérieure complète entre 2013 et 2018 et, après une tentative d’incendie criminel qui a calciné une chapelle le 5 février 2019, la partie sinistrée a été remise en état. Parmi les éléments mobiliers et funéraires remarquables figurent le gisant de l’évêque Simon de Beausoleil rétabli dans un enfeu, le jacquemart logé dans la tour de l’horloge avec un mécanisme et une cloche datés de 1523 (l’automate actuel étant de génération postérieure), ainsi que des peintures de chapelles dues au XIXe siècle et au peintre Louis Cazottes. La solennité de saint Alain y est célébrée chaque année le 25 novembre.